Katanga Madness - Un autre film dans un film Tout spectateur attentif peut voir, entendre et apprendre bien de choses dans Katanga Business de Thierry Michel. Au delà de belles prises de vues et de l’entrée en matière par un survol de la savane katangaise, tantôt herbeuse tantôt boisée, pour atterrir dans les mines artisanales. Sous une chaleur palpable, de pauvres hères, prématurément fatigués et aux visages marqués par la souffrance et la faim évacuent à la chaîne humaine des sacs de minerais fraîchement remplis. Leur âge moyen est la vingtaine. Très vite apparaît le Maître des lieux. Il déboule au volant d’une de ses "jeeps". Couronné d’un stetson (NB chapeau de cowboy texan), s’exprimant dans un français approximatif, pauvre en vocabulaire et sans saveur ni profondeur. Le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe crève plusieurs fois l’écran, jusqu’ aux dernières minutes du film de 2 heures. Obsédé par son ego, il oublie qu'il est devant des cameras, et dévoile qu’il a davantage une épaisseur d’aventurier opportuniste que de dirigeant responsable. Il exerce une grande "autorité", parfois avec insolence, sur les fonctionnaires, douaniers etc Chez lui, il a des bouteilles de champagne étiquetées à son nom! Dans les vestiaires, les joueurs de son équipe de football, leTP Mazembe, se rafraîchissent avec de l’eau minérale Spa, importée de Belgique! Il parle de lui comme d' « un petit congolais » qui n’a empoché que 60 millions de dollars, quoique ce fut sur le dos de la Gécamines, donc de l'Etat et de tous les congolais... Il cultive un destin messianique, et se réjouit tout haut de ce que ses parents lui avaient donné le prénom prémonitoire de « Moïse ». Les foules l’arrosent de louanges. Il les charme, les manipule, et les trompe. Toujours sous la caméra. Ici, il casse une grève en prenant parti pour un patron qui ne payait pas les salaires. Là, il annonce de défendre d'autres travailleurs, mais ceux-ci continuaient à l’attendre de nombreux jours plus tard. Plus loin, il garantit à des creuseurs la poursuite de l’exploitation d’une mine, avant d'envoyer la police pour les déloger avec brutalités. Il se permet de rassurer l'équipe de tournage : « n'ayez pas peur, ils (les creuseurs) ne feront pas de mal ! ». Congo Forum - mai 2009 retour |