Le franc-parler de Louis Michel, lors d’un débat sur le Congo à Bruxelles. La prochaine sortie de l’excellent film de Thierry Michel "Katanga Business" (1) a été l’occasion d’un débat à Bruxelles, auquel ont participé des spécialistes miniers et le commissaire européen au Développement, Louis Michel. A une question sur le poids, dans la crise qui frappe actuellement le Katanga, de la longueur du processus de "revisitation" (renégociation) des contrats miniers signés ces dernières années et accusés d’être souvent en défaveur des intérêts du Congo grâce à la corruption des signataires congolais, Louis Michel a répondu : "La revisitation a aussi rouvert une dynamique de corruption. Les anciens contrats étaient mauvais, on en fait donc d’autres; parfois pour les améliorer, mais pas toujours. Cela a été l’occasion, dans un certain nombre de cas, de faire monter les enchères" en faveur de mandataires congolais corrompus. M. Michel a rappelé que l’UE consacre "des sommes importantes" à financer des experts internationaux pour qu’ils aident le Congo à négocier à armes égales des contrats importants; "c’est même une des spécificités de la coopération européenne. Mais quand on propose une expertise, elle n’est pas toujours acceptée", a ajouté le commissaire, laissant entendre que ce fut notamment le cas pour la négociation du fameux "contrat chinois" entre des entreprises chinoises et le gouvernement congolais, pour échanger la construction d’infrastructures par les premières en échange de ressources minières congolaises. Le FMI insiste pour que ce contrat soit renégocié. Divers points font problème : c’est un contrat de gré à gré; il prévoit une garantie trop importante de l’Etat congolais, qui risque de l’endetter au-delà du supportable; on ignore la valeur exacte de la contrepartie minière congolaise, évaluée entre 30 et 80 milliards de dollars, contre 9 milliards de services chinois ("c’est usuraire", souligne M. Michel); la part de don dans ce contrat est plus petite que les contrats chinois habituels en Afrique. "Il y a de la place pour les Chinois au Congo si l’Etat congolais est en état de négocier. D’où l’importance d’une reconstruction de l’Etat", a souligné M. Michel. (1) Au cinéma Vendôme (Bxl) dès le 2 avril. La Libre Belgique - 26 mars 2009retour |